lundi 1 mai 2017

Où est le mystère ?




On retrouve régulièrement chez Clarke le rêve de la matière immuable, la matière inaltérable créée artificiellement par une intelligence (humaine ou autre) et détentrice d'un message crypté réservé à la sagacité de quelques élus. C'est le monolithe de 2001, c'est le vaisseau de Rama, c'est ici la cité de Diaspar.

Cette constante pourrait s'expliquer par l'absence, chez cet auteur, de tout attachement métaphysique : le produit d'une science ingénieuse, au fonctionnement parfait et éternel, vectorise l'immortalité de l'être ; l'objet indestructible détiendrait la formule de la vie éternelle. La trajectoire de l'homme passe par la mise au point d'un véhicule incorruptible et invincible, dans lequel il prendra place pour vaincre la mort.
Au travers de la cité et les astres, Clarke tente de confronter cette vision transhumaniste avec l'hypothèse d'une autre option.
Provoquant l'effarement et la peur de son entourage, Alvin persiste à chercher un ailleurs. La cité de Diaspar est fermée au monde extérieur depuis des millions d'années. Auto-suffisante, elle est constituée d'une matière programmable qui se régénère à l'infini. Cette matière peut se matérialiser sous la forme d'un meuble, d'un met ou d'un homme. Et la population humaine vivant dans ce vase clos est invariable, en nombre comme en forme. L'homme de Diaspar vit quelques siècles, puis retourne dans le programme de l'ordinateur central, pour renaître cinquante ans plus tard, ou cinquante mille ans, avec tous les souvenirs de ses vies passées.
Alvin est différent. Il semble être une création nouvelle. Il n'a pas de souvenirs de vies passées. Plus inquiétant, il a des motivations invraisemblables. Il voudrait quitter Diaspar car il a la conviction que Diaspar n'est pas tout.
La faiblesse de ce récit tient à la volonté de Clarke de tout dévoiler. Il répondra effectivement aux questions d'Alvin aussi bien qu'à celles du lecteur, mais le dénouement, ainsi qu'une morale convenue laisseront, la dernière page tournée, une impression de vacuité, dérivée d'un relativisme ostensible de bout en bout du livre. 

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La cité et les astres, Arthur C. Clarke, Folio SF, 2002, 347 pages.

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