mardi 21 octobre 2014

Jusqu'ici tout va bien






« — L'islam suscite un formidable engouement dans ce pays ! Les jeunes Français se convertissent en masse et ceux que vous dites issus de l'immigration éprouvent une véritable soif de religion : ils reviennent à leurs racines. Ce raz-de-marée, vous ne pourrez pas le contenir. Les musulmans de France ne se reconnaissent pas dans le système actuel. Ils doivent changer les choses. Ils vont changer les choses ! Mais les juifs et les chrétiens résisteront. Tout comme la gauche dégénérée qui vous gouverne. Ces bouleversements ne se feront pas sans heurts. Il faudra lutter. Se battre. Gagner par l'épée autant que par les mots. Nous sommes l'épée de l'islam. Et nous préparons le combat qui se déroulera bientôt ici même, dans votre pays. Pas au Moyen-Orient, pas dans les montagnes d'Afghanistan : au cœur de vos villes. Je parle d'une guerre qui touchera tous les français. Une guerre des mondes entre les infidèles et l'Oumma.
— Avec six ou sept millions de musulmans qui n'adhèrent pas tous à vos idées, vous ne pensez pas qu'il s'agit d'une perspective un peu éloignée ?
— Moins que vous ne semblez le croire. Près de quinze pour cent de la population française sont musulmans. Un chiffre en hausse permanente ! Et n'oubliez pas que quelques centaines d'hommes perdus dans les montagnes d'Afghanistan ont changé définitivement la face du monde, avec les opérations du 11 septembre 2001 ! Je peux vous le dire, je me trouvais là-bas à cette période ! D'ici quelques années, des partis politiques musulmans verront le jour à travers la France. Leurs parcours sera semé d'embûches et de difficultés. Mais nous demeurerons à leur côté. Nous les protégerons, comme un père prend soin de ses enfants. Si les infidèles tentent de leur barrer la route, nous frapperons si fort qu'ils en resteront pétrifiés. Avec une violence qui dépassera tout ce que vous pouvez imaginer.
— Si je comprends bien, vous comptez « escorter » les futurs responsables politiques musulmans jusqu'aux marches du pouvoir français ? Y compris par la terreur ?
— Exactement.
— Mais si ces partis ne gagnent pas les élections ?
— Ils les gagneront. Peut-être pas la première fois, mais ils les gagneront. Si personne n'entrave leur liberté de parole, alors les Français comprendront que l'islam propose un système plus juste et plus égalitaire que toutes les escroqueries inventées par l'homme : capitalisme, socialisme, communisme... La Loi de Dieu est parfaite. Elle apportera le bonheur à tous. Y compris aux chrétiens et aux juifs. Nous veillerons seulement à ce que les responsables musulmans puissent s'exprimer.
— Quand vous parlez d'un parti musulman, vous pensez aux salafistes ?
— Il n'existe aucune autre forme d'islam ! Les modérés de votre CNCM sont des catins à la solde des infidèles.
— Et si un tel parti se retrouve frappé d'interdiction ? Que se passera-t-il ?
Les muscles de la mâchoire légèrement crispés, il pointe un doigt menaçant dans ma direction en s'approchant de quelques centimètres.
— Si la France entre en guerre contre l'islam, elle en paiera le prix. Nous la frapperons au cœur. Dans ses bus, dans ses trains, dans ses gares, dans ses avions, dans ses centres commerciaux... Vous marcherez dans les tripes et dans le sang ! Et vos dirigeants n'échapperont pas non plus au carnage. », p. 338-9.

« — De quel genre de cibles parlons-nous ?
— La première concerne les avions.
— Des détournements ?
— Non. Les systèmes de détection et de contrôle rendent aujourd'hui très difficiles les détournements comme ceux du 11 septembre. Et puis, quel intérêt ? Pas besoin de s'introduire dans un aéroport pour détruire un avion. Nous possédons des missiles sol-air capables de faire exploser un gros-porteur au décollage ou à l'atterrissage. Sans même nous approcher des pistes ! Je peux en parler, car il n'existe absolument aucune parade à cette menace. À moins de quadriller les aéroports sur plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde, avec des caméras et des hommes en armes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Et encore ! Un commando de martyres déjouerait l'ensemble de ces défenses sans le moindre problème.
— Vous possédez des missiles sol-air ? En France ?
— Quelle question ! On ne va pas leur balancer des pierres ! », p. 377.

« — Les avions représentent des cibles faciles pour nos agents. Mais il ne s'agit pas du seul objectif que nous pouvons atteindre. Pour les trains, nous envisageons deux types de scénarios. Le premier consiste tout simplement à embarquer un martyre dans le wagon de tête d'un TGV. À pleine vitesse, l'explosion de quelques dizaines de kilogrammes de Semtex fera dérailler l'ensemble du convoi. Il se transformera en une prison de métal, coupante comme des millions de lames de rasoir. Une telle catastrophe ne laissera que très peu de survivants. À nouveau, rien ne peut empêcher ce scénario. Certainement pas les trinômes de soldats débonnaires qui arpentent vos gares en regardant passer les filles ! Il faudrait installer des portiques de sécurité à l'entrée de tous les quais, ou des chiens policiers qui détecteraient les explosifs. Et encore... De toute façon, le prix de tels aménagements dissuadera la SNCF pendant de longues années ! Du moins jusqu'aux premières attaques. Tu vois, nos actions n'ont rien de particulièrement audacieuses ! Elles se contentent d'exploiter au maximum les failles béantes de vos systèmes de sécurité. La France mène des guerres, s'allie avec le démon américain, mais elle pense toujours qu'elle peut vivre en paix à l'intérieur de ses frontières. Comme si les bombes qu'elle lâche au Mali ou en Afghanistan ne revêtaient aucune espèce d'importance. Comme si elle ne devait jamais payer le prix des vies innocentes qu'elle détruit à l'autre bout du monde. Or vos présidents se trompent. Ce pays est vulnérable, facile à attaquer. Car personne ici ne croit réellement que l'on puisse porter la guerre jusque dans vos rues.
— Une fois. Peut-être deux. Mais ils s'adapteront...
— Croyez-moi, les grands pays ne s'adaptent pas vite. Gardons l'exemple des trains : vous placez des portiques à l'entrée des quais ? Vous renforcez la sécurité et vous rendez l'accès aux wagons aussi sécurisé que celui des avions ? Alors, nous changeons de stratégie : nous enterrons des YAM-5 sous les tronçons à grande vitesse. Le résultat sera strictement identique...
— Des YAM-5 ?
— Une petite merveille russe qui, pourtant, ne date pas d'hier. Elle contient cent cinquante kilogrammes d'explosifs qu'on peut actionner à distance. On la surnomme la « mallette du diable » en raison des dégâts qu'elle peut produire si on l'enterre au bord d'une route, par exemple. Avec un train, cela s'avère mille fois plus payant !
— Vous disposez de ce matériel en France ?
— Oui. Plusieurs, même ! », p. 378-9.


La question que l'on se pose à la lecture de ce témoignage : Pourquoi ce cadre français d'Al-Qaïda dévoile-t-il ainsi son jeu diabolique ?

Deux réponses :

1. Tout est bidon. (Mais alors quid de la planque d'armes qu'il fait visiter à Samuel Laurent ? Quid des Igla-S et autres centaines de kilogrammes de Semtex que l'écrivain a vus ?)
2. Ils sont fins prêts.


___________________________________
Samuel Laurent, Al-Qaïda en France, Seuil, 2014, 426 pages.

5 commentaires:

  1. Robert Marchenoir21 octobre 2014 à 23:19

    Oui, évidemment c'est bidon. Il suffit de lire les extraits que vous donnez pour s'en convaincre.

    La cache d'armes qu'a vue Samuel Laurent n'existe pas. Quel en est le seul témoin ? Samuel Laurent. Très bien. Intéressons-nous un peu à Samuel Laurent. Qui est-il ? Quelqu'un qui parvient à nouer des contacts aussi précieux a forcément une grande expérience dans la diplomatie, ou le journalisme, ou l'université, ou les services secrets, ou l'armée...

    Or, quand on fait une recherche sur Samuel Laurent, on ne trouve... pratiquement rien. Il n'a pas de CV. Il n'est personne. Il n'a rien fait.

    Relisez donc ce que vous avez publié :

    "Alors, nous changeons de stratégie : nous enterrons des YAM-5 sous les tronçons à grande vitesse. Le résultat sera strictement identique...
    — Des YAM-5 ?
    — Une petite merveille russe qui, pourtant, ne date pas d'hier. Elle contient cent cinquante kilogrammes d'explosifs qu'on peut actionner à distance. On la surnomme la « mallette du diable » en raison des dégâts qu'elle peut produire si on l'enterre au bord d'une route, par exemple. Avec un train, cela s'avère mille fois plus payant !
    — Vous disposez de ce matériel en France ?
    — Oui. Plusieurs, même !"

    Le lecteur qui lit ça sans faire attention se dit : c'est une arme secrète, redoutable, invicible, que personne ne possède... Et puis on relit : en fait, il s'agit simplement de mettre des explosifs sous une voie de chemin de fer. Rien de nouveau. Ca se faisait déjà au XIXème siècle. N'importe quel abruti peut y arriver... à condition de ne pas se faire prendre. Troisième étape : on fait une petite recherche. Dix secondes sur Internet. Cette fameuse "petite merveille", c'est une mine anti-char russe, tellement archaïque qu'elle se présente... dans un coffret en bois :

    http://en.wikipedia.org/wiki/YaM-5_box_mine

    Il n'y a aucune preuve qu'elle soit utilisable contre un train. C'est même assez douteux. On cherche encore un peu... et on trouve des photos :

    http://www.primeportal.net/armory/yuri_pasholok/yam-5_anti-tank_mine/

    Le fameux Yam-5 est présenté... dans une vitrine de musée (cassée...). Il date de 1941 :

    http://data3.primeportal.net/armory/yuri_pasholok/yam-5_anti-tank_mine/images/yam-5_anti-tank_mine_3_of_6.jpg

    C'est une arme tellement rudimentaire que même les planches du coffret en bois ont été sciées de façon tout à fait grossière, probablement à la main ! Une "petite merveille", en effet ! Et ils en ont plusieurs ! Maman ! J'ai très peur !

    Votre Samuel Laurent est un pipoteur de première. Un livre qui se vend bien, ça peut ramener une somme assez coquette.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. M. Marchenoir, bienvenu ici.
      J'aimerais vous donner raison, néanmoins voici deux remarques à vos remarques :
      - Vos recherches sur S. Laurent se limitent à Internet. Si l'homme y est introuvable, cela prouve juste qu'il s'en méfie. Avec raison.
      - L'appellation yam-5 désigne à mon sens un procédé (de l'explosif dans une caisse, déclenchable à distance). L'explosif ne datera pas des années 40, quant au matériau de la caisse et à la qualité de la confection, comme on dit : peu importe le flacon...

      Supprimer
  2. Ils sont équipés, cest certain mais pas comme beaucoup le croient sinon avec du "classique" des pa 9 mm, des AKM 47, du fusil de chasse calibre 12, des carabines 22 LR, des "pompes" cal 12, des grenades, quelques RPG7 et les munitions correspondantes (9mm, 7.62x39, chevrotines 00..etc) explosifs...? quand passeront ils a l'action ...? probablement bientôt sur le sol français, le temps est venu...

    RépondreSupprimer
  3. Octobre 2014 ... nous sommes en janvier 2015 :(

    RépondreSupprimer
  4. M. Marchenoir, une remarque, un commentaire ? Une précision ?

    RépondreSupprimer

Real Time Web Analytics