Le narrateur fait le pari avec son équipier, tous deux journalistes, le premier français, le second américain, de trouver l'âme slave. Nous sommes en 2000, c'est maintenant la Russie mais c'est encore partout l'URSS et ce fil rouge (naturellement) est peut-être à chercher entre les deux tissus. Encore faut-il en repérer le bon bout et savoir le remonter.
Ils s'intéressent à un fait divers, un tueur qui paraît protégé par une force politique mystérieuse, peut-être même complotiste. De quoi faire un papier que les magazines de l'Ouest s'arracheront. Sauf que la bureaucratie russe est capable de geler toutes velléités d'investigations plus surement que l'hiver.
Et l'âme slave alors ? A mi-chemin entre la vérité et la réalité, avec une part d'imposture et une autre de mirages. Versez là-dessus une bonne dose de vodka et vous finirez par ne plus vous intéresser à l'énigme du récit, ni en attendre quelque résolution. Elle est sans doute pour beaucoup là, cette âme slave : un espoir sans optimisme. Une buée sur la rétine qui rend par moment les choses plus nettes. L'âme slave est une contradiction comme le laisse entendre le titre du livre : à mesure que les deux enquêteurs se rapprochent de leur objet, ils s'en éloignent ; l'âme slave est une ligne de fuite.
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Fuyards, Thierry Marignac, Rivages, 2003, 268 pages.
"l'âme slave est une ligne de fuite" - exactement vers Dieu, oui. Avec ou sans vodka d'ailleurs (mais avec c'est mieux).
RépondreSupprimerUne composante essentielle !
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