« Tout commença par un coup de téléphone. Parker ne l'entendit pas sonner, car il était sur le lac à ce moment-là, dans la barque, les rames rentrées ; il ne faisait rien, il sentait juste battre l'eau à travers le bois de la coque. », p. 16.
Tel un crocodile, quand il n'a pas de cible en vue, Parker ne fait rien. Il est là, il attend. Il ne connaît pas de routine, il ne connaît pas l'ennui. Il est reptile. Il ne recherche ni le rire ni les larmes, ce sont des réactions jalonnant le temps de l'existence, des motifs marquant le souvenir. Rien de ça chez Parker : il ne cultive pas d'émotions et ne garde donc aucun souvenir. S'il s'isole sur l'eau étale d'un lac, ce n'est pas par romantisme, à la recherche de quelque état d'âme sublime ou du point culminant d'une pensée. Il n'est pas homme à s'interroger sur sa condition. Et aucune clé n'est livrée pour comprendre le personnage. Qu'est-ce qui anime Parker ? Quelles justifications trouver à ses actes ? Fait-il même quelque chose du butin qu'il récolte ? L'homme reste un mystère, une énigme de légende en cela qu'il n'a pas de vie privée : il apparaît et disparaît telle une créature mythologique pour modifier le réel, faire une ponction, punir une fripouille. Mais hors ses faits d'armes, hors ses apparitions dans le monde des vivants, tel un démon ou un dieu, il n'a pas d'existence, il ne fait rien, il n'attend même pas. Dans la barque, sur un lac, il est hors du temps et nulle part.
Comeback, Backflash, Flashfire, Firebreak, Breakout. Une suite de titres en forme de jeu des kyrielles qui marqua le retour de Parker au début des années 2000. En version française, ce sont sans doute les pièces à privilégier pour découvrir cet étonnant personnage, en attendant d'hypothétiques nouvelles traductions pour les Parker des 60s et 70s, dramatiquement plombés en VF par un argot parisien bien malvenu.
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Comeback, Richard Stark, Rivages, 2001, 266 pages.
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