« Je me souviens bien, qu'à chaque scène de votre tragique représentation, lorsque les sophistes qui vous ont subjugué travaillaient à établir leurs principes destructeurs, lors même qu'ils les appliquaient à des résolutions formelles, il était à la mode de dire qu'ils n'avaient aucune intention d'exécuter ces déclarations dans leur rigueur. Cela a contribué à rendre l'opposition timide, à retarder et à ralentir les précautions ; en entretenant ces espérances, fallacieuses, les imposteurs trompèrent tantôt une classe d'hommes, tantôt une autre, de telle manière qu'aucun moyen de leur résister ne se trouva préparé quand ils se mirent à exécuter, avec barbarie, les plans enfantés dans leur imposture. », p.17.
« Le problème qui occupe surtout vos maîtres, c'est de trouver ce qu'ils doivent substituer aux principes employés jusqu'à présent pour régler la volonté et les actions des hommes : ils veulent trouver, ou établir dans les esprits, des dispositions plus convenables que la morale antique, à rendre par leur nature et leur énergie les hommes plus propres au gouvernement qu'ils organisent, à maintenir leur puissance, et à détruire leurs ennemis. Ils veulent, en conséquence, faire prendre la place d'une vertu simple à un vice intéressé, flatteur, séduisant, et revêtu d'une pompe illusoire. La véritable humilité, la base du christianisme, est la fondation basse, mais profonde et solide, de toute vertu réelle ; mais pénible dans sa pratique, sans éclat dans son observation, ils l'ont entièrement rejetée. », p.44-45.
« Ce fut cette vertu de nouvelle invention, que vos maîtres canonisent, qui engagea leur héros moral, à épuiser toutes les ressources de sa puissance rhétorique en expressions de bienveillance universelle, tandis que son cœur ne pouvait concevoir, ni conserver, la moindre étincelle de cette piété naturelle et commune à tous les pères. La bienveillance envers l'espèce entière d'une part, de l'autre, le manque absolu d'entrailles de nos professeurs pour ceux qui les touchent de plus près, voilà le caractère des modernes philosophes. », p.47.
« Comme les relations des pères et des enfants forment la première base des éléments de la morale commune et naturelle, ils érigent des statues à un homme qui fait parade d'une sensibilité exquise et générale, mais qui en qualité de père s'est montré barbare et féroce, et qui a joint à la bassesse de l'esprit la dureté du cœur. Ami du genre humain, ennemi de ses propres enfants. Vos maîtres rejettent les devoirs imposés au vulgaire, par cette relation, comme contraire à la liberté, comme manquant de fondement dans le contrat social, et de sanction dans les droits de l'homme, parce que, sans doute, elle n'est pas le résultat nécessaire d'un choix libre. Jamais de la part des enfants, pas toujours de la part des parents. », p. 49-50.
« ...ils s'efforcent de détruire ce tribunal de la conscience, qui existe indépendamment des édits et des décrets. Vos despotes règnent par la terreur. Ils savent que l'homme qui craint Dieu ne craint rien autre chose ; aussi, ils s'efforcent, à l'aide de leur Voltaire, de leur Helvétius, et du reste de cette secte infâme, d'arracher de tous les cœurs cette crainte qui donne le véritable courage. », p. 57-58.
Edmund Burke, 1791.
Toute ressemblance avec des individus sévissant de nos jours ne saurait être fortuite.
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Lettre à un membre de l'Assemblée nationale sur la Révolution française et Rousseau, Edmund Burke, Mille et une nuits, 2012, 120 pages.
La ressemblance est frappante, en effet.
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