« Quand le téléphone sonna, Parker était dans le garage, il tuait un homme. », p. 11.
De ces premières phrases de roman qui font tout un roman, qui font qu'on ne le lâchera plus jusqu'à la fin et que le temps qui s'écoulera entre cette première phrase et la dernière ne pourra être que bref. Sauf imprévu. Cet imprévu justement, est le cœur battant du roman noir. Certes, on pourrait en dire autant de tout roman puisqu'il s'agit de conter une histoire que l'on fera évoluer pour la rendre intéressante. Mais dans un polar, il y a d'abord un plan, un projet, un crime à réaliser. Et puis il y a les grains de sable.
Quand le téléphone sonna, Parker était dans le garage... Voilà qui commence très modestement. Il y a un téléphone et un garage, nous sommes au XXème ou au XXIème siècle. Une quelconque histoire pavillonnaire commence. Le voisin avec sa casquette va venir emprunter la tondeuse dudit Parker. Il y aura un exposé d'états d'âme. Ceci, cela.
...il tuait un homme. Non, c'est autre chose. Parker n'est pas monsieur tout le monde. Quand le téléphone sonne, il n'abandonne pas ce qu'il fait pour s'en aller répondre. En même temps ce n'est pas comme s'il était en train de bricoler la tondeuse. Il tue un homme. Ce n'est pas une tâche que l'on peut interrompre, un meurtre, il faut aller au bout, sinon ce n'est pas un meurtre.
Toute l'habileté de l'auteur de polar est de savoir inoculer l'imprévu de manière naturelle, simple, voire invisible. Et dans cette première phrase d'accroche, quel est l'imprévu ? le téléphone qui sonne ? l'homme que Parker tue ?
Firebreak, Richard Stark, Rivages, 2008, 318 pages.
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