mardi 16 avril 2013

Journal d'un curé de campagne, de Georges Bernanos


Tant de richesses et d'émotions dans ce roman, qu'il se lit à petits coups, comme un alcool très fort. Tant de phrases à méditer, tant d'images pour nous poursuivre. Ce curé est une des créatures les plus sensibles de la littérature, une des plus touchantes, une des plus belles.
Bernanos est capable de tout relier de son trait, le bien, le mal, le faible, le fort, tout cela qui est trop pour un seul homme, fut-il magnifique, et qui l'écrase et le tord. Pour tout cela, il faut un homme. On le sent entraîné sur les chemins, roulant entre les existences de ses paroissiens comme une bûche entre le sol et les blocs de grès, croyant pouvoir les diriger, puis ne le croyant plus, croyant n'être pas de taille à orienter ces âmes et exerçant pourtant l'influence du Père.
Croyant ne rien comprendre et n'avoir rien su et percevant au terme de sa vie de prêtre que tout est grâce, que la vérité se dénichent même (et peut-être surtout) dans les êtres qui auront usé jusqu'au péché.

« Je pense aux bêtes misérables qui se traînent jusqu'à leur trou après avoir servi aux jeux cruels des enfants. La curiosité féroce des démons, leur épouvantable sollicitude pour l'homme est tellement plus mystérieuse... Ah ! si nous pouvions voir, avec les yeux de l'Ange, ces créatures mutilées ! », p.111.

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Journal d'un curé de campagne, Georges Bernanos, Plon, 1936, 324 pages.



NB :
S'il est une édition à fuir (à défaut de la pilonner) c'est celle de chez Pocket :
La transcription du texte par un logiciel de reconnaissance de caractères n'a pas été suivie de l'indispensable relecture attentive. Au final, c'est une à deux coquilles par page, quand ce n'est pas deux par phrase !
Parmi les plus belles :

« Pour le$ pauvres gens... », p.72 (vu le sens de la phrase, on peut appeler ça de l'art) ;
«... je dois me tuer de travail pour m'arracher à onjie sait quelle rêverie vague, informe, dont la prfère, hélas ! ne me délivre pas toujours. », p.224

Et quantité de ponctuations égarées, de ç à la place de e, et de majuscules dans les mots, que le plus basique des correcteurs automatiques aurait pu corriger.

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