«Cette fusion naturelle de la vie produite dans cette création dans l'amour qui le transcende, une célébration de l'amour qui l'a suscité ils appelaient ça agapè, ce festin d'amour aux premiers temps de l'Église, oui. C'est ça qui s'est perdu, qu'on ne trouve pas dans ces produits des arts imitants qui sont conçus pour la reproduction à une très vaste échelle [...] », p. 41.
Voilà, à peu près, l'idée directrice de ce laborieux monologue intérieur d'un artiste sur son lit de mort. Idée directrice guère neuve et servit, en une sorte de mise en abîme, par une écriture nous renvoyant aux sombres pages de l'écriture automatique. Le positivisme et les automates ont brûlé l'essence même de l'art, et Gaddis, par son narrateur à la pensée confuse, le démontre dans le texte et par le texte lui-même. La lecture, de fait, est pénible et on ne s'y accroche bientôt plus que parce qu'il n'y a que quatre-vingt dix pages. C'est un peu court pour s'associer aux éloges véhiculées par les zélateurs d'un écrivain opaque, et on ne peut se retenir d'entrevoir ici le museau jubilatoire et la barbe fleurie d'un Juan Romano Chucalescu.
Agonie d'agapè, William Gaddis, Le Serpent à plume, 2007, 94 pages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire