Dortmunder, le miroir perdant de Parker. Infichu par un défaitisme congénital de voir grand et n'ayant pas cette part de mégalomanie, ce besoin de dominer, indispensable pour aller au bout du délit. Dortmunder, dans ce coup, ne sert à rien, il n'a pas de fonction précise, hormis celle du « cerveau » commis d'office. Cerveau qu'il n'emploie cependant qu'à se convaincre (et essayer de convaincre les autres) que tout va de toute façon foirer comme toujours, parce que tout autour de lui, complices, victimes, police, se meuvent en roue libre, que dans cet univers dont il comprend pourtant suffisamment les rouages pour tenter de le dépouiller, il n'y a ni direction ni freins. Là où Parker a le mérite (discutable) d'être méchant avec les méchants, Dortmunder ne prendra jamais franchement position d'un bord ou de l'autre ; du bien ou du mal, il ne veut rien savoir, en un nihilisme qu'il s'impose, par un désir inséparable d'éviter les ennuis, tout en pratiquant une activité qui les élabore. Sans la chance qui lui donne la force de se lever le matin et la poisse qui lui donne les ailes pour s'enfuir le soir, Dortmunder ne serait rien. Il est le jouet d'une balance qui n'est pas celle de la justice.
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Comment voler une banque, Donald Westlake, Rivages, 2011, 282 pages.
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