On aurait tort de moquer ce que Leonard paraît placer au pinacle des caractères humains : son fameux be cool. Qu'est-ce qu'être cool sinon être tranquille et attentif aux autres, et être ferme quand il le faut ? Chaque humain porte en lui toute la misère et tout le bonheur du monde. Ce qu'il faut donc, témoigne Leonard, c'est établir une juste et bonne distance entre chacun, pas trop loin pour ne pas ignorer, pas trop près pour ne pas écraser. Bref, rester cool.
Elmore Leonard aime ses personnages, qu'ils soient dégueulasses, tendres, faibles ou courageux, pleutres ou dramatiquement bêtes, il les aime d'un identique amour pour ce qui fait l'homme : son génie, ses faiblesses, son énergie. Par des dialogues toujours justes et des attitudes communes, les regards et les gestes, de ces moments où les êtres s'étudient et cherchent entre eux quelques plate-formes, quelques espoirs de pouvoir s'accorder, les faits les plus sordides ainsi contés passent sans complaisance. L'intrigue, une fois encore, n'est pas ce que nous retiendrons. C'est une constante chez Leonard d'être capable, lorsque l'on repense à un de ses livres, d'avoir inoculé, non pas une histoire, mais la vie des personnages qui l'ont vécue. N'est-il pas évident que ce n'est pas l'histoire d'une fiction qui a quelque chose à nous apprendre, mais que ce sont bien les personnages qui doivent avoir de quoi nous retenir ?
Le sujet d'un roman, souvent, est l'amour, mais son objet, toujours, est de livrer la vie.
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Elmore Leonard, Mr Paradise, Rivages, 2011, 321 pages.
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